الأحد، 23 يوليو 2017

La disparition de la langue comorienne - écrit par EL-HADJE BOINA MADI

                                     La disparition du Shikomori
                                     Ecrit par EL-HADJE BOINA MADI


Origines et évolution de la langue comorienne

A l’origine, la langue comorienne est une langue riche par ses panachages de civilisations. Elle est complexe. Et sa plus grande complexité repose sur le fait qu’elle se rapproche autant qu’elle se distingue. Elle se rapproche de ce fait qu’elle forme une seule langue ; le Shikomori ; malgré l’amalgame des mots, d’expressions. C’est ce qui fait que deux comoriens, venant de deux iles différentes peuvent bien communiquer et se comprendre facilement. Et la distinction est causée par la division non seulement de civilisation mais aussi territoriale : Comores est un ensemble d’iles autonomes. Mais au-delà de tout cela, les iles Comores sont parmi les pays qui vivent en harmonie, malgré les clivages entre village, les clans, les quartiers et tout, elles présentent une très grande cohérence.
Ainsi la langue comorienne est subdivisée selon les iles. Shingazidja, shimwali, shindzuani, Shimaoré : ce sont ces quatre dialectes qui forment cette langue qu’on nomme le shikomori, comme entité à part entière au  sein des grandes familles linguistiques constituant les peuples noirs africains.


On distingue cinq grandes familles linguistiques des peuples noirs :
-          Famille Chamito-sémitique
-           Famille Nilo-saharienne
-          Famille Negro-congolaise
-          Famille Khoisane
-          Famille Bantoue (mélange de langue africaine et de l’arabe)
Le Shikomori a une grande affinité avec le Swahili (presque les mêmes vocabulaires, le ton se distingue un peu mais ce sont les mêmes mots utilisés, de sorte qu’un comorien et un Tanzanien peuvent discuter et se comprendre) ; alors que la langue Swahili appartient à cette dernière grande famille linguistique qu’on a nommé, la famille Bantoue ; à savoir donc que le Shikomori vient également de cette lignée familiale. Mais il faut se rappeler aussi qu’il ya eu une grande influence des arabes au XIIe siècle. L’histoire nous apprend que des géographes arabes ont signalé le canal de Mozambique (canal de Qumr), qui deviendra le nom des iles Comores un peu plus tard, pour désigner les iles de la lune. Raison pour laquelle l’arabe est devenu la langue sacrée, la langue religieuse, Comores étant constitué par l’islam de rite sunnite.
Puis après des siècles il y a eu l’influence de la langue française (lors de la colonisation). Et cela n’a pas cessé de prendre d’ampleur jusqu’à notre monde actuel. Et ce sont souvent les jeunes qui ont cette pensée de valoriser tout ce qui est européen pour ne pas dire français, y compris la langue. A partir de là, la langue comorienne commence à perdre sa valeur.

Jeunes comoriens aux emprises de l’entre deux langues
Le sort de la langue comorienne
Après l’indépendance en 1975, la France a laissé d’empreintes qui sont, en tout cas jusqu’alors, intarissables. Et depuis, elle n’arrête pas de poursuivre sa quête. Parmi ces empreintes, on trouve la langue (effectivement il y a aussi le mode d’habillement et ses coutumes elles-mêmes). Cette langue française va s’imposer comme un symbole de modernisation quelques années après : une sorte d’honneur,  genre parler en français fait d’un comorien un homme civilisé. Tout au contraire la langue locale symbolise le non-civilisé, la « barbarie », tout ce qui est de primitif, dans le sens péjoratif. La langue française continue à faire main basse sur elle et à l’étouffer, elle agonise. Actuellement, deux comoriens ne peuvent pas échanger deux, trois phrases sans mettre un mot français à l’intérieur.
Causes de cette disparition de la langue comorienne :
L’internet et la télévision :
L’internet et la télévision ont une grande influence sur la destruction de la langue comorienne.
Devant nos portables, nos ordinateurs, on voit rarement le Shikomori. Dans nos commentaires, dans nos messages publics ou privés. Et ce même en étant entre comoriens. Parce qu’il y a certains cas où on est contraint de parler français ; c’est le moment où on est devant des personnes non-comoriens, qui ne comprennent pas ce qu’on dit. Ou quand on est à la faculté. Sinon dans un groupe assemblant plusieurs communautés (sur facebook, snapchat…mais entre comoriens, il n’y a pas du mal à parler sa langue, l’internet ne refuse aucune langue du monde après tout. Mais ce n’est pas le cas pour la jeunesse comorienne. Le français est devenu leur langue quotidienne, puisqu’ils passent beaucoup de leur temps dans les réseaux sociaux.
On a parlé également de la télévision, c’est presque la même chose ; l’influence de la télé dans la langue comorienne vient des films et des séries qu’on suive tous les jours ; les séries, les films, agissent non seulement sur la langue mais aussi sur la culture comorienne en générale.

Le voyage :
A présent beaucoup de comoriens voyagent. Ce n’est pas comme avant. On voit beaucoup de choses. Entre la vie à l’étranger et la vie au pays, on se partage. Prenons le cas de ceux qui vivent en France, pour leurs études, ou pour autre chose. Il y’a parmi eux ceux qui sont nés déjà là-bas. Ils sont dans ce qu’on appelle « écartèlement » ou « déchirement » identitaire.  Ils ont une double identité ; puisqu’ils sont censés appendre deux langues à la fois et donc avoir deux cultures à la fois. A l’école, ou dans leur boulot, si ce ne sont pas des jeunes, ils doivent parler en français, et à la maison parler en comorien, avec la famille. La plus part de temps c’est le français qui prédomine, puisqu’ils passent beaucoup de temps avec leurs amis qu’avec leurs familles, la famille c’est gênant, quand on vit dans un pays libre. En plus c’est la société à laquelle ils fréquentent tous les jours.
Ces jeunes, en rentrant au pays, pour vivre la seconde vie (la vie au bled), ils emportent ces manières, et cette langue française devenue presque langue maternelle pour eux là-bas. Ceux qui sont au pays les prennent souvent pour des princes. ils n’ont rien à faire que de suivre le mouvement, afin de se sentir comme eux, ils sont obligés donc de parler français, histoire de trouver leur place dans la société (dans ce monde de namipvangu, la société comorienne se transforme en société française).
Pour notre cas nous qui sommes dans le Maghreb, c’est toujours l’Afrique, tout ce qu’on fait on le fait par influence, on voit nos frères et sœurs qui sont en haut, sur l’internet, et on veut suivre leurs façon de voir et de faire les choses, sur leurs selfies ; facebook, snapchat, Instagram…ils postent leurs photos, leurs vidéos, et nous on se croit vivre à l’étranger « manga », on doit donc agir comme eux. Et donc parler comme eux, on oublie qu’eux, ils vivent déjà chez les français, ils ont une double identité. Une identité éclatée. On peut avoir plusieurs identités: comme disait Claude Lévi-Strauss L’identité prend multiples formes, selon l’occasion… chaque individu possède en même temps des multiples identités. Toutefois nous, on est en Afrique (exp : Med 6  et l’union africaine). Peut etre dans un pays qui ne vient pas de la famille Bantoue certes, mais qui n’est pas français non plus, plutôt arabe. On devrait peut être apprendre à parler l’arabe, qui est une langue sacrée au pays, mais au lieu de ça on abandonne notre langue pour le français.  

La musique ou l’art :
L’histoire de la musique comorienne s’efface ; maintenant il y a de zouk du rap. On écoute beaucoup de muisiques étrangères que des musiques comoriennes.
La chanson est mélodie et parole. C’est la langue qui entre en jeux encore une fois. La chanson traditionnelle comorienne disparait aussi avec la langue: les Toirab, les wadaha, sambé... ils ne gardent que leurs parfums maintenant. Parce que si on parle d’un chant traditionnel, c’est avant tout un chant chanté en langue locale, le folklore et tout (les chansons de Soultoine, Zilé... jusqu’à la génération d’Abu Chihabi, Boule des iles, …, étaient chantés en comorien pure. Mais une fois qu’on y mette une autre langue, ça perd sa valeur traditionnelle déjà. C’est ce qui se passe actuellement. La majorité des chansons comoriennes présentement n’y manquent pas des mots d’autres langues, le français plus particulièrement. Qu’ils soient des chanteurs comoriens vivant à la métropole, ou ceux qui habitent au pays, on peut trouver même un chanteur comorien, qui n’a jamais sorti des iles Comores, et qui chante un son complètement en français ou indien. Puis il va appeler ça « zouk comorien »
Alors que les comoriens qui ignorent leurs langues (je parle de ceux qui sont en France) cherchent à la connaitre maintenant, ceux qui sont au pays cherchent à la fuir. Les grands rappeurs comoriens, les artistes franco-comoriens actuellement cherchent à introduire des mots locals dans leurs musiques, ils vont même jusqu’au pays pour apprendre leur langue maternelle et donc leur histoire_ et ceux qui ne la connaissent pas cherchent à la connaitre (Alonzo, Rohff, MOH, Sayz’s, Sultan, OU2S…)  j’avoue que c’est une bonne chose, je pense que c’est peut être pour inciter leurs frères au pays de bien vouloir garder notre langue, à coté de l’idée de faire connaitre le shikomori dans le monde.
Si je parle de musique, je parle également de la Littérature (production littéraire) ; elles suivent le même mouvement. Les romans, les recueils de poésie, depuis les dernières années du XXe siècle sont écrits en français. Ce qui n’est pas une mauvaise chose si on veut rependre nos coutumes et mœurs dans le monde, mais qui touche également à la langue locale, et ça la consume peu à peu. 

(Les causes on peut en citer tant d’autres, mais on se contente de ces trois là, qui sont les plus influents.)
Conséquences :
Division : entre ceux qui parlent français et ceux qui n’en parlent pas (matswandzi)
Disparition : de la langue pour une autre
Perte de soi : on se perd nous-mêmes, ne sachant plus qui nous sommes : français ou comoriens : étranger chez soi.

Que doit-on faire, pour remédier à ce fléau ?  (Conclusion)
Pour en déduire tout cela, on dira que la langue comorienne qui était avant, un métissage de langue bantoue et de l’arabe est devenue un métissage de bantoue et du français, et que ce dernier prend de plus en plus d’ampleur au point de causer une perte de Shikomori.
Et pour mettre fin à ce fléau, on vous dit que : apprendre le français est une obligation, on doit le faire, puisqu’on vit dans un monde inter/multiculturel, en plus c’est notre langue officielle. Mais pas pour autant oublier la notre. Parlons français dans les cas nécessaires. Mais entre nous, essayons de parler notre langue, cela nous permettra de bien la garder dans nos bouches, dans nos mémoires, et par conséquent la garder encore vivante avec ses valeurs qui lui conviennent. Adopter une autre langue n’est pas forcement se détacher de la sienne.
La solution se trouve chez nous même, dans notre histoire : l’histoire est un cauchemar lequel on essaye toujours de se réveiller. Revenons dans nos racines, dans ce qui nous unit, malgré l’océan qui sépare nos iles, ce lien qui n’est autre que notre langue, pour nous et pour les générations avenir.

 Elle est belle la langue comorienne. Que Dieu la bénisse et vous bénisse tous.

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